Par le Dr Cohen-Zarade
Diagnostic
Madame H., âgée de 58 ans, est adressée pour scanner thoracique dans le cadre d’une dyspnée récente.
A l’interrogatoire, on retrouve une toux sèche avec fébricule à 38°C la semaine précédente. On note également une asthénie inhabituelle assez marquée, sans anosmie ou ni agueusie.
On réalise un scanner thoracique basse dose sans injection iodée. Il montre comme lésion pulmonaire principale des plages de verre dépoli de répartition bilatérale avec une prédominance périphérique et postéro-basale. Il s’y associe quelques plages de condensation de répartition plus anarchique.
Grâce à la quantification semi-automatique cette atteinte peut être évaluée. Elle est estimée à environ 20% du volume pulmonaire total.
Il n’y a aucune autre lésion pathologique associée : absence de nodule pulmonaire, d’adénopathie, d’épanchement pleuro-péricardique, d’anomalie du parenchyme pulmonaire sous-jacent.
Coupe axiale montrant des plages de verre dépoli, de répartition postérobasales bilatérales.
Reconstruction coronale en MinIP (Minimum Intensity Projection, montrant les voxels ayant la valeur la plus basse dans le plan perpendiculaire au plan de coupe) , montrant avec un meilleur contraste les plages de verres de dépoli.
Quantification semi-automatique du degré d’atteinte :
Poumon sain en bleu, poumon malade non coloré
Sur le volume pulmonaire total, l’atteinte est quantifiée à 19,9%.
Sur le scanner thoracique, le diagnostic d’infection au SARS Cov-2 (COVID-19) est jugé “très évocateur” avec une atteinte pulmonaire évaluée comme “modérée”.
Le médecin traitant est contacté afin de l’informer du diagnostic.
La patiente repart à domicile en isolement avec rappel des gestes barrières et des consignes de repos et de surveillance de la dyspnée avec mesure de la fréquence respiratoire. Il lui est indiqué de prévenir les sujets contacts de façon à ce qu’ils effectuent un test PCR.
Discussion
Les images de scanner d’une infection à SARS Cov 2 (COVID-19) ne sont pas spécifiques mais assez évocatrices en contexte épidémique.
Il s’agit typiquement de plages de verre dépoli à prédominance sous pleurale, basale et postérieure. Ces images en verre dépoli peuvent être en plages ou nodulaires et s’associer à un crazy paving.
Il peut également coexister des images de condensation en bandes ou nodulaires.
Le scanner est alors “très évocateur”, “compatible”, “non évocateur” ou “normal”.
L’évolution peut se faire vers la majoration de l’atteinte ou vers la régression des lésions.
La quantification de l’atteinte est importante et révélatrice du niveau de gravité même si la clinique prime. Elle peut être minime (<10%), modérée (10-25%), étendue (25-50%), importante (50-75%) ou critique (>75%).
Le scanner peut être injecté à la demande du prescripteur en cas de suspicion d’embolie pulmonaire, notamment en cas d’aggravation inexpliquée de la symptomatologie.
Parfois, le patient est asymptomatique et la découverte d’images évocatrices du virus est fortuite sur un scanner réalisé pour un autre motif (notamment des douleurs abdominales).
La radiographie thoracique n’a pas sa place pour le diagnostic.
Bibliographie :
Model-based Prediction of Critical Illness in Hospitalized Patients with COVID-19
Schalekamp, C.M. Schaefer-Prokop
Radiology. 2020
Coronavirus Disease 2019 (COVID-19): A Perspective from China
Zi Yue Zu, Long Jiang Zhang
Radiology. 2020
RadioGraphics Update: Radiographic and CT Features of Viral Pneumonia
Hyun Jung Koo, Kyung-Hyun Do
Radiographics. July-August 202