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Imagerie pédiatrique : les lésions à ne pas manquer

8 Déc 2025 | Actualités du groupe, Cas cliniques

Par la Dr Valérie Merzoug.

En septembre, Valérie Merzoug a présenté, lors du congrès de la Société d’imagerie pédiatrique et prénatale (SFIPP), plusieurs cas emblématiques de lésions osseuses en radiopédiatrie à ne pas manquer en radiographie et en IRM

Les « don’t touch lesions » désignent des lésions aisément reconnaissables en imagerie et qui ne requièrent habituellement aucune exploration complémentaire. Historiquement décrites sur les radiographies standards, elles sont désormais fréquemment observées en IRM ou au scanner avec l’essor de l’imagerie en coupes. Leur identification peut cependant poser problème lorsqu’un contexte de cancer sous-jacent est présent.

Pour ce type de lésions, le radiologue, plutôt que le recours à une biopsie, privilégiera l’établissement d’un diagnostic sur la base d’une interprétation sémiologique : âge de l’enfant, nombre de lésions, localisation (os long, court ou plat ; épiphyse, métaphyse ou diaphyse ; position intra-spongieuse, corticale ou juxtacorticale), réaction de l’os environnant, aspect interne de la lésion ainsi que état des parties molles.

CAS CLINIQUES

🔹Jeune garçon âgé de 12 ans : à la suite d’un traumatisme au football et un mouvement en hyperextension de la cuisse, accompagné d’une douleur d’horaire mécanique au niveau de la fesse gauche, la radiographie révèle une petite irrégularité de la tubérosité ischiatique gauche avec un aspect un peu flou qui pourrait être inquiétante en absence d’éléments cliniques. L’IRM confirme le diagnostic d’avulsion apophysaire, une lésion assez classique chez l’enfant sportif.

🔹Jeune fille âgée de 13 ans : elle présente une gonalgie mécanique. A l’IRM, les images montrent deux lésions – une fémorale distale et une tibiale proximale, avec un œdème périlésionnel – ainsi qu’une rupture corticale avec une petite réaction des parties molles. La lésion est centrée sur la corticale avec une extension vers l’os spongieux et un liséré de sclérose autour. La radiographie réalisée ensuite permet de poser un diagnostic de fibrome non ossifiant, caractéristique par son liséré de sclérose périphérique. C’est une lésion fréquente (30 à 40% des enfants), souvent relevée lorsqu’on fait des radios de cheville et de genou, mais moins en IRM. La matrice est fibreuse, en hypersignal T2, avec un rehaussement tardif et variable. La fracture est une des complications possibles. Pour ces lésions, une radiographie de complément permet de confirmer le diagnostic.

🔹Enfant âgé de 2 ans : il présente un varus gauche. La radiographie montre une lésion linéaire située au tiers proximal de
la diaphyse tibiale – une dysplasie fibrocartilagineuse focale – avec un épaississement cortical adjacent et une petite obliquité de la métaphyse. Elle ne nécessite pas d’IRM de complément car l’aspect radiographique est typique de cette lésion fibreuse rare de l’enfant de 1 à 2 ans. On la retrouve fréquemment sur le tibia, mais aussi parfois sur l’humérus, l’ulna et le fémur. Elle évolue généralement spontanément de manière favorable, mais l’enfant doit quand même être suivi par un orthopédiste.

🔹Jeune fille âgée de 11 ans : elle présente une douleur à la cheville. À l’imagerie, une lacune métaphysaire fait penser à une ostéomyélite mais les douleurs sont chroniques, présentes également sur d’autres articulations, et le bilan biologique est normal. L’IRM corps entier met en évidence des œdèmes métaphysaires et épiphysaires des tibias proximaux, distaux, et du tarse. C’est une ostéite chronique multifocale récurrente (OCMR). Le diagnostic se fait par élimination et l’IRM corps entier remplace souvent la scintigraphie. Le diagnostic en imagerie permet d’éviter une biopsie au patient.