Par le Dr Mickaël Suissa.

Le tabac reste la première cause de mortalité évitable en France, avec environ 75 000 décès par an, dont 46 000 liés à un cancer. Il est responsable de plus de 8 cancers du poumon sur 10 et on estime à 52 000 nouveaux cas de cancer du poumon en France (33 000 chez l’homme, 19 000 chez la femme).
Le tabagisme induit un large spectre de pathologies dont l’imagerie médicale constitue un pilier diagnostique majeur. Au-delà du cancer broncho-pulmonaire, l’exposition chronique aux toxiques du tabac entraîne des atteintes respiratoires, cardiovasculaires et systématiques que les techniques d’imagerie permettent de caractériser de façon précoce et objective.
Le scanner thoracique à faible dose est aujourd’hui la modalité de référence pour le dépistage du cancer pulmonaire chez les sujets à risque. Il vise à détecter les nodules infracentimétriques, évaluer leur densité et mesurer leurs volumes (en s’appuyant notamment sur la classification de la Fleischner Society), ouvrant la voie à des stratégies de surveillance personnalisées basées sur la cinétique de croissance.
A noter que les logiciels de dictée vocale et de comptes rendus automatisés, notamment via le bouquet de solutions IA d’Incepto, aident à créer des rapports conformes aux recommandations, préremplis avec les résultats de l’analyse par IA, et déterminent automatiquement la conduite à tenir selon cette classification.
L’imagerie permet également de quantifier l’emphysème et l’atteinte bronchique, notamment via des reconstructions haute résolution (HRCT) qui objectivent la destruction parenchymateuse, l’épaississement bronchique ou la présence de bronchectasies tractionnelles.
Sur le plan vasculaire, le tabagisme joue un rôle déterminant dans l’athérogenèse. Le scanner coronarien permet une évaluation précise du score calcique et de la sténose des artères coronaires, tandis que l’IRM cardiaque offre une analyse fine de l’ischémie, de la fibrose myocardique et du retentissement fonctionnel. L’échodoppler et l’angio-scanner sont essentiels dans le dépistage et la surveillance des anévrismes de l’aorte abdominale, nettement plus fréquents chez les fumeurs et anciens fumeurs.
Le tabac est également impliqué dans plusieurs cancers extra-pulmonaires. L’échographie, le scanner et l’IRM permettent d’en caractériser les formes initiales (rein, pancréas, vessie) et d’en suivre les évolutions loco-régionales ou métastatiques. Ces techniques participent à la stadification TNM, indispensable à l’orientation thérapeutique.